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Nous vous parlions la dernière fois du hasard et de son rôle à une époque où justement, nous semblons vivre dans une sorte de loterie de crises, nous contraignant de plus en plus à naviguer à l’aveugle. Petit trou de mémoire ? Retrouvez l’article ici
Un élan similaire s’observe avec la notion d’absurde, face à une époque tellement chargée et animée par les crises, l’incertitude ou encore la morosité qu’elle en perd presque toute raison ou logique à nos yeux, quitte à devenir absurde. Une époque qu’on a besoin (et le devoir) de regarder bien en face tout en faisant un pas de côté salutaire pour ne pas qu’elle nous submerge, pour ne pas qu’elle nous paralyse.
©Joan Cornellà
@Wikihowmuseum
@tienstiens.bd
Le philosophe Gaston Bachelard parle d’un “instinct de légèreté” comme l’un des plus ancrés et profonds chez l’être humain. Un instinct qu’on convoquerait dans les moments difficiles ? Et si, l’expression d’une forme de légèreté absurde permettait à la fois de reprendre son souffle et de faire le pas de côté qui permet de regarder en face, de prendre conscience et d’agir ?
Une légèreté qu’on aurait donc tort de prendre à la légère ou du mauvais côté. Il semblerait en effet qu’elle ait plusieurs vertus, s’exprimant à travers différentes notions et formes qui démontrent, chacune à sa façon, sa propre utilité et pertinence.
Première manifestation, la présence de plus en plus marquée depuis quelques mois de l’esthétique surréaliste dans les stratégies de communication et dans les univers de marque. Un surréalisme qui dit littéralement qu’on s’est éloigné de la raison ou du moins, qu’on ne cherche plus à coller à une réalité qu’on a du mal à accepter. L’absurde devient à la fois le problème et la réponse. Une esthétique omniprésente dans l’univers du luxe et de la mode. Si le sujet vous intéresse, nous l’avons traité ici.
Deuxième manifestation centrale sur laquelle nous allons nous pencher plus longuement aujourd’hui, l’humour. L’humour et ses différents visages, l’humour et ses différents registres et utilités. L’humour qui, mesuré, pesé, travaillé, réfléchi peut devenir le compagnon de route incontournable face à l’époque, à la fois pour la regarder et lui répondre.
L’humour, c’est un truc hyper sérieux, c’est très rigoureux
Fabcaro
Voyage au cœur de l’absurde, avec Zaï Zaï Zaï Zaï , de Fabcaro.
Premier rôle plus majeur que jamais : provoquer le rire, donner le sourire ou encore remonter le moral, même furtivement. Un rôle qui se confirme au-delà de l’intuition : selon la Fédération française de cardiologie "Le rire stabilise le rythme cardiaque et diminue la pression artérielle, soit le contraire des effets du stress”. Sachez d’ailleurs qu’il existe des thérapies de “rigologie”, correspondant à un ensemble de techniques psychocorporelles d’éducation émotionnelle destiné à stimuler la joie de vivre, l’optimisme et la créativité. Le but est “de se reconnecter à sa joie de vivre en utilisant les vertus du rire", pour reprendre les mots de l'Association Douleurs sans frontières. Et si la rigologie ne nous vous enthousiasme pas plus que ça, il vous est également possible de vous mettre au yoga du rire, une pratique qui consiste à utiliser les muscles de la respiration pour obtenir les réactions physiques positives du rire naturel par un rire forcé ("hahaha hihihi hohoho"). Etant donné que le corps ne fait pas la différence entre un rire spontané et un rire forcé, cette pratique peut s’avérer utile.
Un rire thérapeutique et protecteur auquel les marques semblent de plus en plus faire appel et qu’elles auraient très certainement tort de sous-estimer à l’avenir.
L’humour est une affaire sérieuse, nous l’avons vu. Encore plus quand il a vocation à faire le pas de côté qui permet de regarder la réalité sans fuir ou s’enfermer dans le déni. Le pas de côté qui permet de sensibiliser, de convaincre et de passer à l’action. Le pas de côté qui permet de prendre du recul. Ce n’est pas nouveau. Il nous vient forcément en tête plusieurs titres de films à la lecture de cette phrase. Ce qui est nouveau ou assez inédit, c’est le nombre de défis et enjeux auxquels l’humanité fait face, de façon simultanée. Le tout, souvent associé à un sentiment d’urgence et de gravité qui peuvent vite - et humainement - se conjuguer avec un sentiment d’impuissance, de culpabilité, de découragement voire, en fin de compte, un sentiment paralysant. Rappelons qu’un tiers des Français pense “qu’il est trop tard pour éviter la catastrophe”, soit un gain de onze points en sept ans seulement (Challenges et Odoxa, 2022). Constat également très marqué chez les 18-30 ans : seuls 34% pensent qu'ils peuvent avoir une influence sur la destinée de la France. Soit 25 points de moins qu'en 1999 (Ifop - 2022).
Convaincre à travers l'humour et la satire, un pari qui pourrait être gagnant, selon So good. En témoigne, par exemple, le succès du film satirique.
Dans Le Roman national des marques, Raphaël Llorca, souligne le fait qu’à la question « Qui raconte le mieux les Français ? », la première réponse est « Les humoristes » (25%).
Il est urgent de (re)donner le sourire, il est urgent d’engager, il est urgent d’encourager à se dire qu’on va y arriver. Et pour ces trois missions, l’absurde et l’humour peuvent être de formidables alliés. À condition d'adopter des approches créatives qui n’ont pas peur d’être moins conventionnelles que d’habitude. À condition, évidemment, de les manier avec prudence, réflexion et légitimité pour placer le curseur au bon endroit. Veiller à ce qu’elles sonnent “sincère” et non déplacées, veiller à être en phase avec l’ADN et l’histoire de la marque.